Données intermédiaires obtenues par l'équipe de Catherine Poirot
sur 8 patientes incluses dans l'essai, pour14 ponctions folliculaires au total
Nombre moyen d'ovocytes par ponction 16
Taux de maturation 65,2 %
Nombre d'ovocytes ayant subi une ICSI 148
Taux de fécondation après ICSI 48 %
Nombres de zygotes obtenus 72
Nombres d'embryons obtenus 64
Nombre moyen d'embryons replacés (une patiente n'a pas eu d'embryon) 2,8
Voir la présentation (video et ppt) de Catherine Poirot sur Canal-U
II Indications actuelles et applications potentielles de la MIV
Indication en cas d'ovaires micro-polykystiques (PCO)
Etant donné que la technique de MIV permet d'obtenir des fécondations sans qu'il soit nécessiare de faire subir aux femmes un processus de stimulation ovarienne, cette technique est tout à fait indiqué pour les patientes ayant déjà réagi par un syndrome d'hyper-stimulation à un traitement antérieur par FSH, lors d'un essai de FIV. Cette réponse anormale à un traitement par la FSH se rencontre notamment chez les femmes ayant des ovaires polykystiques (présentant de nombreux petits kystes). Le syndrome d'hyperstimulation ovarienne correspond à une hypersensibilité aux gonadotrophines et en particulier à la FSH. Il associe des douleurs ovariennes, un épanchement au niveau des séreuses intestinales et pulmonaires (péritoine et plèvre) pouvant nécessiter une hospitalisation, et augmente le risque de trombophlébite des membres inférieurs et parfois supérieurs.
Utilisation des ovocytes immatures
Dans tous les cycles stimulés, une certaine fraction des ovocytes (15%) correspond à des ovocytes n'ayant pas terminé leur maturation. On peut ainsi proposer d'augmenter le nombre d'ovocytes mûrs susceptibles d'être micro-injectés (ICSI) en faisant terminer leur maturation à ces cellules, par MIV.
Intérêt humain et financier
Les protocoles de stimulation utilisent maintenant, en grande majorité, des hormones recombinantes (FSHr et hCGr). Ces hormones sont très onéreuses. Dans le cas de MIV, le coût est donc fortement abaissé, tout comme l'est, pour la patiente, le poids du protocole de FIV, dont parle René Frydman (en introduction à cette page).
Cette technique pourrait donc être appliquée aussi aux femmes normo-ovulantes qui demandent une FIV pour d'autres raisons qu'une défaillance ovarienne (notamment oligospermie du conjoint nécessitant une ICSI).
Intérêt pour le don d'ovocyte
Le don d'ovocyte, en France, n'est possible que dans deux cas: celui de couples où la femme est donneuse d'ovocyte et celui de couples receveurs d'embryon.
La possibilité de prélever les ovocytes immatures d'une donneuse, sans stimulation lourde préalable, en vue d'une fécondation par les spermatozoides du conjoint de la receveuse, faciliterait donc le processus du don d'ovocyte.
Intérêt éthique
Sans stimulation par la FSH, le nombre d'ovocytes (immatures) recueillis par ponction est plus faible. Après MIV et ICSI, le nombre final d'embryons obtenu n'est pas très élevé, il y a moins d'embryons surnuméraires ainsi produit, ce qui diminue le nombre d'embryons à stocker, congelés.
Des études actuelles visent à améliorer les protocoles de congélation d'ovocytes. La congélation d'ovocyte II est pour l'instant plus prometteuse que celle d'ovocyte I, mais donne néanmoins un très faible taux de grossesse après MIV et transfert. Si cette technique est maîtrisée on pourra congeler des ovocytes, c'est à dire des cellules (diploïdes ou haploides) ne pouvant être considérées comme des individus potentiels, ce qui pose beaucoup moins de problèmes éthiques pour leur conservation que pour celle des embryons.
Des études à poursuivre
Actuellement la MIV ne donne pas, en terme de taux de grossesses, d'aussi bons résultats que la FIV conventionnelle. Des progrès dans les connaissances sont encore à faire pour différentes étapes et notamment celle de la maturation cytoplasmique de l'ovocyte. Si la maturation nucléaire de ce dernier est assez bien connue dans ses mécanismes (reprise de méiose après levée d'inhibition par l'AMPc, rôle du MPF) et facile à suivre (disparition de la vésicule germinative et apparition du premier globule polaire), les processus de maturation cytoplasmique sont mal connus car difficiles à apprécier morphologiquement. Le seul critère d'ovocyte mûr est "l'aptitude à être fécondé et à assurer un développement embryonnaire complet".
Analyse cytologique comparative d'ovocytes obtenus par maturation in vitro et in vivo
(Michelle Plachot, "Congélation des ovocytes et maturation in vitro:les nouveaux outils de l'AMP", 1999)
Les ovocytes immatures sont décumulisés et incubés dans un milieu permettant leur maturation.
Ceux qui atteignent le stade MII sont fixés et observés au microscope.
Ils sont comarés à ceux ponctionnés après une maturation in vivo (echecs de fécondation après ICSI).
Maturation in vivo Maturation in vitro
Nombre total d'ovocytes analysés 179 149
Nombre d'ovocytes caryotypés 96 75
Ovocytes diploïdes 6 (3,4%) 6 (4%)
Ovocytes aneuploïdes 22 (23%) 15 (20%)
Cassures chromosomiques 41 (29%) 13 (11%)
Séparation prématurée des chromatides 2 (1%) 12 (8%)
Une différence significative est observée pour les deux derniers critères.
Les ovocytes issus de MIV présentent un plus garnd taux de séparation prématurée des chromatides.
A l'inverse, ils présentent moins de cassures chromosomiques
(mais les cassures observés dans les ovocytes mûris n vivo
sont peut-être imputables au processus d'ICSI n'ayant, par ailleurs, pas abouti).
D'autres paramètres, comme le profil protéique ou les signaux calciques lors de la fécondation ont été étudiés:
-dans les ovocytes issus de MIV, on note une réduction importante du taux de plusieurs proéines de 10 000 à 120 000 kDa
-après MIV, la pénétration du spermatozoide déclenche effectivement un pic de calcium intra-cellulaire, mais celui-ci n'est pas suivi d'oscillations importantes comme cela devrait être le cas.
Enfin il a été noté un ralentissement des divisions mitotiques lors de la segmentation
d'embryons issus d'ovocytes mûris in vitro, pouvant aller jusqu'à un arrêt complet avant le stade blastocyste.
Actuellement les résultats cliniques de la MIV de l'ovocyte humain sont proches de ceux obtenus chez des animaux comme les bovins, avec un taux de naissance qui ne dépase pas 8% des ovocytes traités..
III La MIV; un bref retour en arrière
Dans l'espèce humaine, la toute première MIV est dûe à une équipe de Norfolk (Veeck) et date de 1983. Elle a été pratiquée au cours d'un protocole de FIV avec stimulation ovarienne, et appliquée sur les ovocytes immatures (environ 15%, taux moyen encore actuellement) obtenus lors de la ponction. Elle avait permis la naissance d'un enfant.
En Corée, en 1991, une équipe a réussi à obtenir la naissance d'un enfant après une MIV d'ovocytes obtenus sans stimulation ovarienne (Cha).
En 1994, on voit la première grossesse et naissance après MIV dans le cas d'ovaies polykystiques (Trouson)
En 1997, deux cas de grossesse après MIV sont rapportés chez des femmes n'ayant pas reçu, volontairement ou involontairement d'hCG lors d'un protcole de FIV.
Liu et coll. rapportent le cas d'une patiente ayant oublié de faire l'injection et chez qui une grossesse a été obtenue par transfert d'une embryon congelé-décongelé provenant de la fécondation par ICSI d'un ovocyte ayant réalisé sa maturation in vitro en présence de FSH et d'hCG.
Jaroudi et coll.réalisent la MIV d'une patiente présentant une hyperstimulation ovarienne : 40 follicules à l'écran et un taux d'oestradiol à 14 000 pmol/l ! La MIV était la seule alternative à l'arrêt du cycle. Une grossesse a été obtenue , mais s'est interrompue à 14 semaine après rupture prématurée des membranes.
Actuellement, dans le monde, une centaine d'enfants sont nés selon cette technique ( jusqu'en avril 2003: 224 gorssesses avec 17% de grossesses multiples, et 12% de fausses-couches spontanées) grâce au travail, notamment, d'équipes implantées au Canada, en Corée et au Danemark.