Un article que j'ai juge interessant et j'ai bien aime le partager avec vous,,
HISTOIRES DE SAVOIR - La chronique de Jean-Luc Nothias
Cela ne se fait pas en un jour. Mais notre corps est en état de renouvellement permanent de notre naissance à notre mort. Il est en quelque sorte constamment remis à neuf. Pratiquement tous nos organes, tous nos tissus, toutes nos cellules vont être complètement renouvelées plusieurs fois, à une fréquence plus ou moins élevée en fonction des cellules. Ce qui fait qu'au bout du compte, l'immense majorité de nos cellules et de nos organes sont plus jeunes que nous. Seules exceptions à cette règle, les neurones et les cellules cardiaques où le renouvellement est très lent ou quasi inexistant.
Notre corps compte quelque 100 000 milliards de cellules. Si on les mettait toutes bout à bout, on aurait un joli ruban de quelque 15 000 km de longueur. Il y a environ 250 types cellulaires différents, cellules du sang ou de la peau, cellules musculaires ou cardiaques, neurones et fibroblastes, etc. Vingt milliards de ces cellules meurent chaque jour. Elles sont bien évidemment remplacées. Près de 20 millions de cellules se divisent en deux cellules filles chaque seconde. Le terme «diviser» est d'ailleurs assez mal choisi puisqu'en biologie, «diviser» veut en fait dire «multiplier». Quand on dit qu'une cellule se divise, ce n'est pas une réduction puisqu'en fait, elle double. Une donne deux.
Cette «division» cellulaire est la première façon de créer de nouvelles cellules identiques au modèle de départ. C'est le cas par exemple des cellules du foie. Le second type de renouvellement cellulaire passe par des cellules souches indifférenciées, c'est-à-dire non spécialisées dans une tâche ou une autre. Le processus de renouvellement s'accompagnera donc en plus, dans ce cas, d'un stade de différenciation. La cellule va se spécialiser dans un but bien précis. C'est le cas par exemple des cellules sanguines. Ces processus sont aussi à l'œuvre pour la croissance de l'organisme.
Les cellules ont des durées de vie variables. Une cellule de peau a ainsi une durée de vie de 3 à 4 semaines avant d'être renouvelée. Un globule rouge vit lui quelque 120 jours. Une cellule de la rétine ne dépasse pas la dizaine de jours. Une cellule de foie ou de poumon vit de 400 à 500 jours tandis que les cellules tapissant la surface de l'intestin ne «tiennent» que 5 jours.
On a bien l'âge de ses neurones
Une équipe de chercheurs suédois a eu l'ingénieuse idée de «détourner» une technique de datation utilisée en archéologie et en paléontologie, celle du carbone 14, pour connaître la durée de vie de certains tissus. Il s'agit de mesurer la quantité de carbone 14 présent dans l'ADN des cellules, ADN qui s'est formé au moment de la naissance de la cellule, et qui n'échange plus de carbone avec l'extérieur par la suite.
Ils ont ainsi pu montrer que la plupart des cellules d'un corps humain ont moins de 10 ans. Les plus «vieilles», dans la catégorie de celles qui se renouvellent, sont les cellules des parois de l'intestin et celles des muscles des côtes qui atteignent 15 ans. Ce sont donc celles qui se renouvellent le plus lentement. Ces études ont également confirmé que les neurones ont bien l'âge de celui qui les possède. Ou que l'on a bien l'âge de ses neurones.
Une autre équipe, également suédoise, a récemment montré que l'obésité et le fait d'avoir du mal à conserver son poids après un régime amaigrissant étaient dus au renouvellement cellulaire. Car le nombre total d'adipocytes, les cellules graisseuses, reste constant dans le corps. Un régime ne fait qu'amaigrir les adipocytes présents. Ceux qui seront renouvelés s'empresseront de retrouver leur ligne. Aux dépens de la ligne du corps auquel ils appartiennent.
Le fait qu'il y ait renouvellement cellulaire, n'empêche pas les processus du vieillissement. Ceux-ci restent très mystérieux et font l'objet de nombreuses théories et spéculations. On pense généralement que les cellules sont «programmées» pour ne pouvoir se diviser qu'un certain nombre de fois. Elles auraient donc une espèce de compteur interne enregistrant le nombre de copies effectuées et celles restant possibles. Certains ont avancé que ce compteur se situait sur les chromosomes, plus précisément à leurs extrémités.
Ces petits manchons de protection sont appelés les télomères et jouent un rôle clé lors de la division cellulaire pour assurer la multiplication à l'identique du patrimoine génétique. Leur longueur diminuerait au fur et à mesure des divisions cellulaires et conduirait à leur arrêt. Deux sortes de cellules présentent des télomères toujours «longs», les cellules germinales de la reproduction, et les cellules cancéreuses qui prolifèrent sans limite. En ayant perdu toute forme de discipline. Mais les recherches sur les télomères n'ont pas débouché sur de grandes découvertes. Peut-être pas encore. Mais quand on voit la complexité extrême de toutes ces machineries biologiques, on ne peut pas en vouloir aux chercheurs.