Pas de régimes intempestifs pendant la grossesse !
FRANCE, 04 octobre 2011 (Toute la diététique !) - Alors que l’ANSES vient de tirer la sonnette d’alarme sur les risques associés aux régimes amaigrissants, On parle beaucoup de régimes, avant même ou pendant la grossesse, pour perdre du poids ou ne pas en prendre trop. Est-ce vraiment utile et justifié ?
S’il est une période où il ne faut pas confondre ligne et santé, c’est bien celle qui entoure la grossesse : depuis le désir d’être enceinte jusqu’aux suites de couche, en passant bien sûr par les 9 mois que dure la gestation. Modifier son alimentation sans avis médical et sans suivi n’est pas anodin.
L’idéal est d’avoir un bon statut nutritionnel avant même la conception. Quand la perte de po ids est conseillée , elle doit être prudente, avec des apports suffisants en énergie et en micronutriments. Faute de quoi elle peut retentir sur la fertilité ellemême. Mais pendant la grossesse, les risques concernent aussi l’enfant. La perte de poids mat ernelle favorisée par un régime très riche en protéines et pauvre en énergie, en lipides et en glucides a des conséquences comparables à celle du jeûne dont on peut craindre l’impact sur le foetus. Cette restriction nutritionnelle drastique a des effets à court terme sur le développement d’organes clefs (pancréas, tissu adipeux, foie, cerveau) et plus tard sur leur fonctionnement. Un retard de croissance intra-utérin peut entraîner des complications neurologiques.
Enfin, la prématurité et le faible poids de naissance majorent les risques de maladie cardiovasculaire et de diabète à l’âge adulte. Hypertension, intolérance au glucose, hyperlipidémie peuvent se révéler bien plus tard... Si l’on en croit certains magazines, la tentation est grande d’oublier que la grossesse doit faire prendre du poids ! Une femme « grosse » désignait jadis une femme enceinte. Aujourd’hui, devenir « grosse » représenterait le pire cauchemar des femmes.
Pourtant, la prise de poids liée à la grossesse est physiologique. Elle doit être régulière au cours des mois et surtout adaptée à la corpulence : ni trop, ni trop peu. Même les femmes obèses se doivent de prendre au moins 5 kg !
A quoi faut-il veiller précisément pendant la grossesse ?
Les enquêtes montrent que les femmes enceintes ajustent spontanément leur alimentation. En évitant par exemple de consommer de l’alcool ou trop de café. En essayant de manger plus équilibré, en faisant une meilleure place au petit-déjeuner, en consommant plus de laitages, de fruits... autant pour leurs apports nutritionnels que pour le plaisir...
Lorsqu’il y a un réel problème de poids, rien ne vaut la compétence des professionnels, tant pour les précautions à prendre (toxoplasmose, listériose) que pour des conseils adaptés au cas par cas. Pendant la grossesse ou l’allaitement, on s’accorde à ne pas prescrire ni encourager les régimes draconiens (en dessous de 1600-1800 kcal/j), en s’assurant que les apports en vitamines et minéraux sont satisfaits et que la notion de « plaisir sans arrière-pensée » est préservée.
Et ensuite, comment gérer le poids après l’accouchement ?
Avant tout, il s’agit de donner du temps au temps. S’il faut 9 mois pour faire un beau bébé, il en faut sûrement tout autant pour retrouver la forme sans toutes les formes ! Parmi les pièges à éviter :
se caler sur le rythme de l’enfant et oublier son propre rythme alimentaire, ne plus faire de repas principaux et réguliers;
manger au lieu de boire, surtout en allaitant, ou encore s’hydrater avec jus de fruits et boissons sucrées à longueur de journée ;
manger pour « tenir le coup » au lieu de se préserver des temps de repos ;
oublier de bouger et rechigner à sortir : c’est pourtant un excellent moyen de retrouver la ligne.
Surtout, il faut évit er tout régime éreintant, qui risque de perturber le comportement alimentaire et de déstabiliser le poids à long terme... En allaitant, il est conseillé de manger comme en fin de grossesse, ce qui permet de démarrer la perte de poids en douceur et sans restriction...
(Propos recueillis auprès de Caroline Rio, dieteticienne nutritionniste à Paris)
Source : © CERIN