Expériences....Anna & Pete (Australie)

Chapitre Un : Elles tombent toutes enceintes et pas moi !

Durant toute mon adolescence, la devise de mes parents était qu’ “il suffit d’une seule erreur pour tomber enceinte” ! J’aurais sincèrement souhaité que cela soit le cas pour Pete et moi. Mais non, depuis deux ans et demi, nous essayons toujours. Les autres femmes n’ont qu’à regarder leur mari, et alléluia, elles tombent enceintes ! Pourquoi est-ce si facile pour toutes les autres? Qu’est-ce qui ne marche pas ? Je sais que quelque chose cloche, mon cœur et mon cerveau me le disent, mais quoi?

Des amis proches au courant de notre longue tentative à Pete et moi essayaient d’être encourageants. Ils me disaient de ne pas m’inquiéter, que cela finirait par arriver. Mais il semblait que toutes les deux semaines, une de plus était enceinte et ce n’était pas moi. “Anna, bonne nouvelle, Sophie est enceinte”, ou “Jeanne va avoir son deuxième enfant, c’est prévu pour novembre”. “C’est merveilleux, je suis si contente pour elle. Elle fera une excellente mère”, étaient les mots que je devais me forcer à dire. J’étais sincèrement contente et émerveillée pour mes amies, mais en même temps, frustrée du fait de devoir à feindre l’excitation pour une grossesse qui n’était pas la mienne.

“Ne t’inquiète pas tant, sois patiente” ou “tu dois arrêter de stresser, cela n’arrivera pas tant que tu seras anxieuse”. Des clous, oui ! Qu’est-ce qu’ils en savaient? J’avais été fichtrement patiente, j’avais donné deux ans et demi de patience. Comment pouvais-je ne PAS y penser lorsque tout le monde autour de moi avait des enfants ? Et comment pouvais-je ne pas stresser alors que je tentais désespérément de tomber enceinte et avais chaque mois un petit rappel du contraire, et cela durant 30 mois !


Chapitre Deux : Et si nous n’avions jamais d’enfant?
http://www.fertilite.ca/canada_fr/experiences/Anna_Pete_Australia/What_If_We_Never_Have_Children.jsp
Chapitre Trois : Prise d’un certain contrôle
http://www.fertilite.ca/canada_fr/experiences/Anna_Pete_Australia/Taking_Some_Control_Back.jsp
Chapitre Quatre : Ma femme est une « vache folle »
http://www.fertilite.ca/canada_fr/experiences/Anna_Pete_Australia/My_Wife_The_Mad_Cow.jsp
Chapitre Cinq : Deux traits bleus !
http://www.fertilite.ca/canada_fr/experiences/Anna_Pete_Australia/Two_Blue_Lines.jsp

Chapitre Deux : Et si nous n’avions jamais d’enfant?

“Vas-y, aie recours à mon spécialiste FIV, il a été merveilleux” est une phrase que vous n’entendrez jamais. J’ai donc fait confiance au médecin vers lequel m’a dirigé mon généraliste local. J’ai eu ma première consultation avec le Docteur X et aucun courant n’est réellement passé entre lui et moi. Je n’aurais déjà pas pu lui parler de mon chien, alors pensez, mes problèmes personnels ! Je suis sortie de chez lui découragée et déprimée. J’ai pensé que si tous les spécialistes FIV étaient comme ça, je n’aurais jamais d’enfant.

J’ai trouvé un autre spécialiste qui a été merveilleux, et pourtant extrêmement réaliste, m’indiquant que bien que la FIV peut aider, elle ne marche pas chez tout le monde. J’ai pensé “Qu’arrivera-t-il si ça ne marche pas pour nous, si nous n’avons jamais d’enfant ?”. Nous avons découvert qu’une des étapes d’un traitement FIV était d’avoir une consultation psychologique. La psychologue a commencé par nous poser des questions sur nos sentiments. Je me rappelle qu’elle nous a suppliés de rester réalistes et de garder à l’esprit qu’une vie sans enfant peut être tout de même enrichissante. C’est à ce moment très précis qu’elle a perdu l’attention que je lui portais. Tout ce que je pouvais penser pendant qu’elle poursuivait son discours c’est : “Je parie qu’ELLE a des enfants. Alors pour sûr, ELLE peut être positive puisqu’ELLE a des enfants”.

Et mes amis n’étaient pas différents, pleins de bons souhaits qui depuis étaient devenus des promesses creuses : “Anna, ne sois pas idiote, Bien sûr que vous aurez des enfants”. Ah oui, et comment le sais-tu ? C’est vous qui me disiez qu’il suffisait d’être patiente et que je tomberai enceinte, et cela ne s’est pas produit, pas vrai ? Alors pourquoi devrais-je croire les mots creux qu’elles me proposent pour soulager leur propre sentiment d’insuffisance ? Et si je n’avais jamais d’enfant ?

Chapitre Trois : Prise d’un certain contrôle

Je me sentais impuissante. Je n’avais aucun contrôle sur aucune partie du processus FIV. Le problème ne venait pas de moi. Le processus était trop rigide, le timing trop crucial, le résultat ne pouvait pas être influencé et même mes propres sentiments semblaient échapper à mon contrôle. Je luttais. J’avais besoin de reprendre un certain contrôle, un contrôle sur n’importe quoi, vraiment n’importe quoi.

J’ai donc décidé de me faire moi-même mes injections. C’était la seule chose que je sentais pouvoir activement contrôler. Les infirmières du centre de FIV me l’ont déconseillé en déclarant que la plupart des couples choisissaient soit de venir à la clinique tous les jours pour qu’une infirmière fasse l’injection soit de faire faire l’injection par le mari. Je n’étais intéressée ni par l’une ni par l’autre de ces options. J’avais besoin de sentir un certain contrôle sur ma destinée, et si cela signifiait la prise du contrôle des injections, eh bien tant pis. Honnêtement, j’aurais préféré avoir le contrôle de quelque chose d’autre, mais il n’y avait rien d’autre.

Avant que je sois autorisée à me faire les injections, je devais démontrer que j’étais compétente pour le faire : “Ok, pas de problème, donnez-moi une orange”. J’ai été horrifiée lorsque l’infirmière m’a dit que je devais me faire l’injection ici-même et devant elle. La dure réalité m’a frappée à ce moment. Je voulais le contrôle, mais je déteste, je déteste vraiment les piqûres. Même si j’avais été une infirmière, j’étais connue pour m’évanouir en regardant les autres faire une injection ! J’ai aspiré le sérum physiologique à travers l’aiguille, j’ai chassé l’air, j’ai pincé un peu de graisse près de mon estomac et j’ai y plongé l’aiguille. Mon Dieu, que ça m’a fait mal ! J’étais tellement anxieuse que j’ai oublié de le faire lentement, et j’ai plus ou moins appuyé brutalement avec le pouce sur le piston. La douleur s’est répandue à travers mon ventre et a duré ce qui m’a semblé être une éternité. Ce que je dis peut ressembler à de la sensiblerie, surtout lorsqu’on voit la taille de l’aiguille, mais j’ai très vite appris ma leçon. A partir de ce moment, j’ai fait attention à la manière d’appuyer sur le piston et me suis fait chaque injection très très lentement.

Ca y est, je m’étais fait l’injection devant l’infirmière, et j’avais pris le contrôle de mes piqûres. Elle m’a donné le petit « kit à emporter », lequel était rempli de compresses et bien entendu des maudites seringues. Je l’ai mis sous mon bras et suis rentrée chez moi, me sentant assez contente de moi-même. C’est drôle, lorsque mes amies m’ont posé des questions sur le processus et que j’ai expliqué que je me faisais moi-même les injections, j’ai de fait ressenti le contrôle auquel j’aspirais tant. C’était la seule chose sur laquelle moi, et moi seule, avais le contrôle total.

Chapitre Quatre : Ma femme est une « vache folle »

J’admire le choix qu’a fait Anna de se faire elle-même les injections, mais cela m’a fendu le cœur qu’elle se soit volontairement causé tant de tourments. Chaque matin, une demi-heure avant l’injection programmée, elle s’enfermait dans la salle de bains et se préparait psychologiquement. Je restais debout derrière la porte, à l’écouter pleurer, rire, parler toute seule puis se taire. La conversation qu’elle avait concernait généralement notre ami diabétique.

Elle se disait : « Arrête d’être une idiote, pense à Simon, il doit faire la même chose cinq fois par jour. Ouais, mais je ne suis pas Simon. Oui, mais tu n’auras pas à le faire tous les jours pour l’éternité. Je sais, mais pourquoi dois-je le faire de toute façon ? C’était censé être facile d’avoir une famille. Et si après tout ça, je n’ai toujours pas de bébé ? »

Puis je l’entendais pleurer silencieusement et enfin se dire « Allez fais-le, un point c’est tout ». Je savais que lorsqu’elle avait fini sa petite conversation avec elle-même elle était en train de se faire l’injection. Je me sentais complètement inutile et coupable. Coupable parce que le problème était le mien, inutile parce qu’elle ne me laissait pas l’aider. Elle était déterminée à le faire toute seule. Cette partie du processus FIV était son domaine, et son domaine à elle seule. Une fois qu’elle s’était fait l’injection, elle quittait la salle de bains très contente, en rigolant et en se moquant de son rituel quotidien. Elle riait d’elle-même en disant qu’elle avait une double personnalité et que j’avais une vache folle pour femme. Nous riions tous les deux tout en sachant en notre for intérieur que nous rejouerions cette scène le lendemain matin.

Chapitre Cinq : Deux traits bleus !

Le premier cycle de FIV n’a pas marché. Je m’attendais à être déçue mais j’étais effondrée. Nous devions recommencer. Le second cycle a été aussi difficile que le premier, les sautes d’humeur spectaculaires, la dépression, l’espoir, mon pessimisme, l’éternel optimisme de mon mari, les injections, etc.… j’ai donc dû recommencer.

On nous avait conseillé de ne pas utiliser des tests de grossesse vendus en pharmacie, en raison du risque de faux positif. Je ne sais même pas pourquoi j’ai fait ce test pour ce transfert-là, je ne me sentais pas différente du dernier. J’avais trouvé quelques tests de grossesse que j’avais achetés avant la FIV. J’ai attendu Pete (en ayant tout le temps dans la tête la voix de l’infirmière disant qu’un test de grossesse vendu en pharmacie pouvait donner un faux positif). J’ai fait le test. Nous avons regardé en silence apparaître dans la petite fenêtre la première vague de colorant. Un trait bleu. La seconde vague de colorant est ensuite apparue dans la fenêtre. Rien. Non, attends. Il y avait un deuxième trait, vraiment très très faible. Pouvions-nous réellement voir le second trait ou notre si grand espoir nous faisait voir quelque chose qui n’existait pas ? Nous avons sorti la lampe torche ! Il y avait bien quelque chose. Notre joie était immense. Nous savions tous les deux qu’il y avait une possibilité que ce soit un faux positif, mais cette nuit, nous avons ignoré cette réalité. Nous voulions nous sentir normaux. Pour cette nuit, nous avions deux traits bleus !

Un test sanguin a confirmé le lendemain que nous attendions un enfant.