Le cancer du sein au masculin : qu’est-ce qui fait qu’un homme est un homme ?
Cette étude s’est attachée à explorer la façon dont les hommes atteints de cancer du sein (KS) vivent leur maladie, touchés qu’ils sont à la fois dans leur intégrité corporelle, leur espérance de vie, mais aussi dans leur image, car porteurs d’une maladie essentiellement féminine.
Le KS de l’homme, qui survient en règle dans la 6ème décennie, ne représente au Royaume Uni que 0,8 % de l’ensemble des KS, mais son incidence est plus élevée en Zambie, Zimbabwe et Angola, et elle augmente aux Etats-Unis.
Certains facteurs hormonaux semblent en faire le lit : syndrome de Klinefelter, traitements œstrogènes, castration. Certaines professions semblent plus exposées (travailleurs de l’exploration pétrolière et du raffinage, sujets exposés à des champs électromagnétiques, telles les antennes de télécommunications sans fil), et certaines pathologies favorisantes (cancer de prostate, diabète). La présence du gène BRCA-2 est retrouvée dans 40 % des cas.
Cliniquement, le KS de l’homme se traduit par une petite tumeur rétromamelonnaire, avec parfois rétraction du mamelon et saignement ; le traitement repose sur la mastectomie, le curage axillaire, le tamoxifène (car les récepteurs hormonaux sont souvent positifs), quelquefois radiothérapie et chimiothérapie ; le pronostic est comparable à celui du KS féminin.
Le retentissement psychologique a été beaucoup moins étudié que chez la femme, mais il semble important et 25 % des malades auraient une perturbation conséquente de leur propre image.
Même si le sein ne saur ait avoir chez l’homme la symbolique dont il est porteur chez la femme, l’altération corporelle et la dissymétrie qui résultent de l’intervention ont des conséquences psychologiques ; de plus, par ses récepteurs sensoriels, le sein, même chez l’homme, peut être considéré comme un organe sexuel et son ablation peut retentir sur la vie quotidienne. Cette étude, qui a fait appel à la phénoménologie (philosophie qui se propose de découvrir les structures transcendantes de la conscience avant toute réflexion), montre à partir de l’analyse des témoignages de 15 patients, que l’essence du vécu du KS masculin repose sur son rapport à la perception de la virilité (surtout sous tamoxifène, responsable de troubles érectiles), la modification de la personnalité concrète, d’où la volonté de dissimuler aux proches une maladie ressentie comme spécifiquement féminine..Il faut aider ces malades à réaffirmer leur masculinité.