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BARCELONE — Les médecins sont sur le point d'introduire sur le marché africain des techniques de fécondation in vitro à bas prix. Une démarche particulièrement bienvenue dans des sociétés où ne pas avoir d'enfants est mal vu, et où les femmes stériles sont parfois ostracisées, rejetées, voire considérées comme des sorcières.
Pour prévenir les grossesses en Afrique, des millions de dollars sont investis dans le planning familial et la distribution de préservatifs, mais selon les experts, plus de 30% des femmes du continent noir ne peuvent pas avoir d'enfants. On estime que 80 millions de personnes des pays en voie de développement sont stériles.
La stérilité est plus fréquente en Afrique que dans les pays occidentaux, souvent consécutive à des accouchements dans de mauvaises conditions, ainsi qu'à des avortements risqués, ou à des infections mal soignées.
Et ce alors que "la stérilité est tabou en Afrique", explique Willem Ombelet, qui dirige un groupe de travail spécialisé sur la stérilité dans les pays en développement au sein de la Société européenne de reproduction et d'embryologie humaine. "Personne n'a prêté attention à cet aspect des choses, mais c'est un problème important et nous devons agir".
Au cours de la conférence annuelle sur la stérilité à Barcelone, qui s'achevait mercredi, Ombelet a précisé que la décision de savoir dans quel pays allait être traitée la nouvelle technique devait encore être prise. Quelques femmes ont déjà été traitées à Khartoum (Soudan), et d'autres projets devraient démarrer prochainement en Afrique du Sud et en Tanzanie.
Pour Sembuya Rita, militante ougandaise de la lutte contre la stérilité, il est essentiel que les autorités sanitaires gouvernementales s'intéressent au problème. "C'est un droit fondamental pour chacun d'avoir un enfant" a-t-elle déclaré.
Selon elle, les Africaines stériles peuvent être confrontées des difficultés économiques majeures - leurs maris peuvent très bien les quitter pour un autre femme, elles peuvent être écartées de l'héritage familial.
La fécondation in vitro à bas prix coûte moins de 200 dollars (127,5 euros), alors que les techniques standard coûtent jusqu'à 10.000 dollars (6.370 euros).
Au lieu d'utiliser les équipements de laboratoire et des médicaments très chers, les experts soulignent que des options moins coûteuses peuvent tout ausi bien marcher. Par exemple, au lieu d'utiliser un incubateur très cher pour créer un embryon, Ombelet estime qu'une baignoire peut très bien faire l'affaire.
Des médicaments eux aussi moins chers pourraient très bien permettre de stimuler la fonction ovarienne pour produire plus d'ovules, et les dépenses pourraient encore être réduites par l'utilisation d'aiguilles et de catheters à bas prix.
Toutefois, ces techniques ne permettent pas de produire autant d'ovules, d'où un taux de réussite moindre. Dans les pays riches, la fécondation in vitro réussit dans 20% des cas environ. En Afrique, Ombelet estime qu'elle pourrait atteindre 15%.
La technique à bas prix a été utilisée chez des vaches et quelques femmes. Et aux Etats-Unis, des chercheurs essayent de mettre au point une technique encore moins chère qui pourrait s'avérer plus efficace.
En dépit des nombreux problèmes sanitaires prioritaires en Afrique-du Sida à la malaria en passant par la pneumonie - les experts estiment que l'introduction d'une FIV à bas coût vaut la peine.
"Le coût de la stérilité en Afrique est supérieur à ce qu'il est en Occident", explique Oluwole Akande, professeur émerite de gynécologie-obstétrique à l'Université d'Ibadan, Nigeria. Et de reconnaître que la technique, même à bas coût, ne pourra être accessibles qu'aux femmes des classes moyennes et supérieures.
Selon lui, dans beaucoup de régions de l'Afrique, les femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants sont exclues de la société, sont étiquetées comme "sorcières" et, dans les cas les plus extrêmes, sont même poussées au suicide.
L'OMS(Organisation mondiale de la Santé) s'est toujours concentré sur la régulation des naissances et la prévention des maladies sexuellement transmissibles plutôt que sur les problèmes de fertilité.
Mais pour Sheryl Vanderpoel, experte en reproduction à l'OMS, celà pourrait changer s'il se confirme que des solutions à bas coût sont possibles.